Texte: Martine Letarte
Photos: Collection de Simon Wahl
Deux semaines de vacances, sous le chaud soleil de juillet, avec un but en tête : se rendre en Nouvelle-Écosse pour faire la boucle de près de 300 km de la Cabot trail de l’île du Cap-Breton. C’est ce qu’a décidé Simon Wahl à l’été 2017.
«Faites le Cap-Breton dans le sens inverse et allez dormir sur la pointe en haut, à Meat Cove, où un petit chemin vous mènera à un camping sur le bord de la falaise.» C’est ce qu’un local rencontré à la station d’essence leur a dit.
«Fuck yeah!», s’est dit Simon en reprenant la route dans cette contrée super sauvage.
L’aventure avait commencé quelques jours auparavant. Simon Wahl avait beaucoup voyagé aux États-Unis, mais peu au Canada. «Là, j’avais vraiment envie de l’explorer, notamment les provinces atlantiques, parce qu’ayant grandi entre la Bretagne et Paris, j’étais obsédée par l’idée de revoir l’océan», raconte-t-il les yeux brillants à travers l’écran, un dimanche après-midi de confinement.
Il pensait voyager seul, mais un gars avec qui il avait fait la fête un soir a décidé de se joindre au projet. Rapidement, ils ont réalisé qu’ils étaient sur la même longueur d’onde. La première journée, ils voulaient rouler à fond et ils se sont rendus jusqu’à Les Méchins, près du Parc national de la Gaspésie, à 700 km de Montréal. Après avoir campé derrière un casse-croûte, ils ont repris la route jusqu’à Baie-des-Chaleurs.
«C’est au bout du Québec, où il y a peu de touristes, et où voyait de temps en temps cinq ou six petites maisons blanches avec des toits de couleur dans lesquelles les gens vivent simplement, de génération en génération et c’était très émouvant de rouler là», raconte Simon qui a pris conscience dans ce voyage de l’importance de soutenir l’économie locale pour que d’autres puissent visiter ces endroits «incroyables».
Ils ont dormi au bord de l’eau, puis ils ont traversé au Nouveau-Brunswick pour se rendre jusqu’à Moncton. Au camping, ils ont passé la soirée avec deux Américains, dont un avait travaillé dans le transport des œuvres d’art. De «vrais voyageurs» qui en avaient long à raconter.
C’était ensuite le temps de découvrir l’Île-du-Prince-Édouard, en prenant le pont de la Confédération qui s’étend sur près de 13 km. «C’est fucking long et on ne voyait que de l’eau», se souvient Simon.
Ensuite, c’était des champs de patates à perte de vue.
«On roulait dans les couleurs primaires : l’herbe verte, le ciel bleu et le sable rouge, comme sur Mars.»
En moins de deux, il s’est d’ailleurs retrouvé sur la plage, la roue arrière bien enfoncée dans le sable.
«T’es vraiment trop con», lui a balancé son partenaire de voyage. Ensemble, ils ont mis une heure pour sortir la moto de là. Un arrêt ensuite au magasin Harley pour Simon qui avait besoin d’une pièce. Son ami en a profité pour lui acheter une petite cloche sensée porter chance à installer sur le cadre de sa moto.
«Il avait vu que je n’en avais pas et me l’a offerte, raconte Simon, encore ému. Ça faisait cinq jours qu’on se connaissait!»
Ensuite, c’était le temps d’embarquer sur le traversier vers la Nouvelle-Écosse. À Antigonish, une ville universitaire, ils ont trouvé en un camping… et un pub écossais.
«On a commencé à boire, à devenir copain copain avec les barmans, puis on a réalisé qu’il y avait un band live, c’était vraiment un moment incroyable. On a fermé le bar, on est revenu au camping, on s’est allongé dans l’herbe pour regarder les étoiles et on s’est endormi là!»
Le lendemain, il a pris la direction de l’île du Cap-Breton pour enfin atteindre la Cabot trail. Ils ont suivi les indications du local de la station d’essence. «On n’était pas trop sûr d’où on allait, on était vraiment au bout du monde, raconte Simon. On a fini par arriver sur le petit chemin de terre qui nous a menés au camping familial. On a rencontré un couple de Québécois qui nous a prêté une grosse hache pour couper notre bois. On a regardé le coucher de soleil, tout rose, sur le bord de la falaise avec la vue sur l’océan. C’est le genre de truc qui te reste toute la vie. Et le lendemain matin, on a vu des baleines au loin.»
Les deux gars sont rentrés par les États-Unis, et le Mont-Washington, après avoir mangé 4500 km d’asphalte en 11 jours. Ils se sont dit au revoir d’un signe de main à une sortie de l’autoroute. Ils n’ont pas gardé contacts, mais ces moments sont gravés à jamais dans leur mémoire.
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