Texte:
Charles-Édouard Carrier
Photographies:
Charles-Etienne Pascal

 

Un planning précis avec une date d’arrivée déjà établie limite le flanage et atrophie grandement la spontanéité d’un voyage sur la route. Nous partions de Montreal à destination de Portland pour The One Motorcycle Show. Nous avions 4 jours pour compléter l’aller, environ 5000 kilomètres. Pas le temps de niaiser. So what? On a quand même multiplié les arrêts sur la route.

Au Nebraska, on s’est accordé une heure pour sortir du grand axe routier qui traverse le pays et marcher dans une mince couche de neige au sol. En sortant de la van, chacun est partie dans une direction différente, pour se retrouver seul, quelques minutes au milieu d’un espace immense et désert. Puis, une longue série de photos sur cette route reliant nulle part ici et nulle part là-bas. C’était avant de s’acheter un chapeau de cowboy.122A1296122A1680

 

En quittant la minuscule ville ouvrière de Laramie dans le Wyoming, une carcasse de voiture attire notre attention près du motel. Un garage figé dans le temps et une dizaine de voitures marquées par des décennies sur la route. Sur cette rue longeant le chemin de fer, les petits maisons se suivent et se ressemblent. Certaines se distinguent avec un grand drapeau américain fixé à l’une des colonnes qui supporte le porche.

Derrière la vieille station d’essence, au cœur de l’Idaho, le coucher de soleil dessine de longs traits mauves dans le ciel. Après avoir fait le plein, on se dépêche pour remonter à bord de la van et partir à la recherche d’un bout de chemin de terre où l’on pourrait faire une ou deux photos du camion avec la dernière lumière de la journée.

 

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Il y a aussi cette fois où nous prenons un moment pour gravir une petite montagne, incomparable aux Rocheuses que l’on aperçoit à l’horizon. Il n’est pas encore 8h. Chacune de nos expirations part en fumée dans l’air frais du matin. De profondes pistes d’animaux marquent le sol fragile. La boue colle à nos bottes, on doit bien avoir la moitié de l’Oregon sous les semelles. On cochonne la van big time.

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À quelques heures de Portland, un belvédère et des chevaux au cœur d’un décor en vallons. Le groupe s’arrête pour monter jusqu’à la clôture, les bêtes viennent à notre rencontre. On a le regard et le sourire de kids en visite à la mini-ferme. On s’éloigne un peu trop du rock and roll.

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Dans ce marathon sur la route, on n’a jamais hésité à s’arrêter, pour prendre conscience de notre environnement, mieux l’apprécier, reconnecter avec l’espace. Puis, retourner à la route. Ça peut vouloir dire flatter des chevaux, regarder un coucher de soleil, grimper une montagne, photographier des vieux chars ou pisser dans le sens du vent entre un champs d’éoliennes et la rivière Columbia.

Lorsqu’il faut aller vite, la pire chose à faire, c’est d’oublier de prendre son temps.

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