(INDONÉSIE, automne 2015) Je suis arrivé à Bali comme un réfugié. J’avais trop travaillé avant de partir pour me coller le motton. 32 heures de vol, crevé, pis des fawking bogues aux douanes, méchant cocktail explosif mettons. Boutte du boutte, mes cartes de crédit ne passaient pas, j’ai donc dû me faire fourrer en U.S. cash pour louer un scooter pour le mois.

Décompression, j’espère me perdre pour briser une léthargie, j’ai traîné en jouant géographie, de l’aéroport de Denpasar jusqu’à Kuta. Puis je me suis arrimé là, dans une hostel remplie de fuckboys qui s’essayaient sur des femmes aux seins gros comme des fucktoys. Ici, les cerfs-volants imbus d’eux-mêmes ont l’habitude de flirter avec les cumulo-nimbus. J’ai dévoré mon premier Nasi goreng en compagnie de Silvio, Turque-Allemand,  un travelbuddy semi-notable qui traînait par là.

J’avais choisi l’île des Dieux pour surfer jusqu’à la nausée, ma première mission d’envergure de ce trip de 6 mois. Le monde est décevant en général, mais se lever dans la couleur du matin rend pieux, board sous le bras, une force de tronc d’arbre à l’âme. Juste avant de m’y jeter, une noix de coco tombant de sa branche m’a frôlé la clavicule, ça m’a scratché le vinyle en mise en garde.  Pas grave, la précision de la nature peut être hackée. Go, on se jette dans le feu quitte à couler pourpre, comme la couleur du drapeau qui averti des grands vents rendant la pratique dangereuse.groberge kuta2

Kuta, c’est le Varadero des Australiens, j’étais averti. Après le surf en journée, c’est d’office d’aller se dégommer dans des grosses discos chromées au house d’une autre époque. On joue le jeu. Silvio, gravement libidineux, débroussaillait la trail. «Let’s pick up some chiks», qu’il disait. Je le regardais se faire aller le mojo en restant à l’écart, comme menotté par un auto-cock-block.

Deux semaines avant de partir, classique, j’avais évidemment rencontré une femme digne d’aimer, celle que je n’attendais plus depuis des années, qui pourrait régner sur toutes les autres. Rien de trop consommé ou consacré, pas de contrat social, juste du gros «on verra à ton retour de voyage». Silvio se foutait bien de ma gueule. Ça me faisait sourire. D’être un peu lover, de vouloir être fidèle à rien, dans une ville aussi érotisée. R’marque que la ptite tatouée au bout du bar… Nah, non. Bref, timing de marde, c’est l’histoire de ma vie.

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Après deux jours de surf thérapeutique et de turqueries nocturnes, fuck, mon corps a flanché. Je me suis sérieusement snapé le dos quand j’ai pris la tasse dans un gros remous. Enflure grosse comme une noix de coco au niveau de la 7e vertèbre, un rappel des forces qui nous régissent. Bilan, oublier de faire ses salutations au soleil en stretching avant d’attendre sa vague peut être fatal. L’océan impose le respect à un corps irrespectueux, froid, ou trop chaud. Prenez des notes.

Ankylosé, me suis séquestré un après-midi de temps au bar piscine, en punition, pour bien m’imprégner d’un mélange de Bintang, bières locales et de Robaxacet.  J’avais besoin de décapsuler. Jugez moi pas, ça peut prendre du temps retrouver ses reflexes de nomade. C’est en m’étiolant le regard trop vaporeux sur les fesses de la même ptite tatouée qui pratiquait ses backflips que je me suis rendu compte qu’il était l’temps de prendre la route pour le vrai.groberge kuta4

Les cigarettes étaient bonnes, il était 7h moins quart au soir. Il allait encore faire beau demain. Le soleil se couchait dans le rouge quand j’ai enfourché ma bécane pour prendre la strip vers la péninsule sud, à la recherche d’une meilleure idée subversive.

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