Texte : Marc Provencher ¦ Photos : Cédric Corbeil

Le costume, le froid, le paysage d’automne, un soleil timide qui ne lève plus très haut à ce temps-ci de l’année. En ce 27 octobre, la magie de la Sasquatch opère. Quand on y pense, ça nous ramène à la matière brute. À commencer par les chevaux de métal qui hurlent davantage à cause du froid vif et intense. Des panaches de chevreuils, caribous et orignaux, trophées faciles à trouver en Abitibi-Témiscamingue. Nos manteaux poils et nos bottes de fourrures sortis des coffres de cèdre. Le banc de gravier gorgé d’une eau qui transforme le sol en boue. La mince couche de glace qui témoigne des nuits froides qui s’installent petit à petit. Et finalement, les gros morceaux de viandes à cuire sur les grilles rouges chauffées à vif par la braise brûlante laissée par le bois dur, le tout servi sur des table de roche qui ressemble étrangement à des Inukshuk.

On vit une métamorphose réelle.

Le froid nous force à nous regrouper plus serré, on devient intime en quelques minutes. La fourrure nous garde au chaud. Ici, il n’y a pas de classe social. Nos costumes volent la vedette et attirent l’attention plus que nos montures. On se déplace en clan, on s’anime autour du feu, on se taquine, on se lance des défis, on joue dans le sable, on s’amuse comme des kids.

Entre chien et loup, des odeurs de viandes fumées embaument l’air qui se refroidit rapidement, on mange tous ensemble sur des tables de pierre, on rit fort, on raconte nos histoires de la journée, on fait vibrer nos motos une dernière fois avant leur hibernation. Les enfants courent partout, énergisés par le bruit et les festivités.

La nuit tombée, il est temps de rentrer chez-soi, un peu triste mais heureux, on se fait des accolades, on se sert la main pis on se dit :

– En passant, moi c’est Armand. Toi ?
– Moi ? c’est Daniel…
– Content de t’avoir connu mon chum. On r’prend ça l’année prochaine.

La Sasquatch pousse encore plus loin notre passion de la moto. Elle nous rapproche davantage du motard-humain qui la conduit. C’est le froid, c’est le nord, c’est l’Abitibi, c’est nous.


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