Photos : Max Vannienschoot
C’t’un vrai beau matin d’automne, l’air est doux. Un soleil à fendre l’air en quatre, 10 degrés, un 19 novembre, ça se prend bien. « Il fait chaud par chez vous », m’écrit Benoit. Il travaille quelque part dans le grand nord pour l’hiver. «Phoque que j’aimerais faire la ride avec vous ». Puis il m’envoie ça.
Ce matin, c’t’une ride peu commune. C’est pas une ride, c’t’une parade. Une grande pa-ride dans la grand’ ville. Une pa-ride en manteaux de peaux pis de poils à Montréal.
La dernière ride du Sasquatch.
Sasquatch, communément appellé Bigfoot! Créature mythique, mi-homme/mi-bête qui vivrait dans les montagnes des États pis ici aussi peut-être ben. Paraît qu’y déracine les arbres à main nue, qu’y est tout velu et qu’y a des pieds démesurément grands. Y mesures-tu 9-12-20 pieds… On le sais-tu? On l’a jamais vu!
C’tu vrai, c’tu pas vrai? En tout cas, c’est l’image que moi je m’en fais.
Mythe ou réalité? No matter what, aujourd’hui on est tous des bigfoots sur nos big wheels.
La grand’ messe commence au café Jeanne d’Arc. On est su’l café, pis on jase. On crie le départ. Je me grimpe sur un banc pour expliquer à m’en époumoner que cette ride-là, c’est la ride des bikers fiers de leur urbanité même quand on est pogné pour s’les geler. C’est la ride des Montréalais qu’y ont pas envie de ranger leur bike pour 4 mois. Une ride revendicatrice de notre statut de Cité Moto en pays nordique.
Braaaaaaaaap! Max ouvre le bal. Y’a mis des bois de cerf après ses poignées. Personne d’autre que lui peut ouvrir notre cortège. La cyprine va en avant du bateau, pas en arrière. Notre grand canot d’écorce est formé d’une soixantaine de roues. Notre objectif : faire des étincelles jusqu’au bar de Courcelle.
Alexis et Jules, nos fiers bloqueurs, veillent sur l’équipage. C’est les « calleux » de not’ set carré, ils assurent à not’ grand vaisseau taillé dans le poil massif de suivre la vague et surtout, de pas se fendre en deux.
On contourne le parc Olympique pis on s’élance au-dessus du St-Laurent jusqu’ à l’île Sainte-Hélène. On reprend not’ souffle pis on s’engage en plein cœur de la ville. Sur une rouge, y en a un qui fait crisser ses pneus. Ça en prend pas plus pour inviter le diable dans place. On entend la sirène de la police chanter, y a le show de lumière pour l’accompagner. Pendant ce temps, on arrive nez à nez avec le vieux barbu touffu sur son immense traîneau tiré par 12 rennes. Il rivalise avec notre canot. Y veut pas nous laisser passer. C’est le jour de sa parade à lui aussi, on est pas les bienvenus ici. Les badauds ont des yeux que pour nous. Nous bêtes velues sur nos deux roues. On entend des Oh! et Ah! On prend la pause le temps d’une photo. Le Père-Noël à de la compétition cette année, y est pas habitué!
La tension monte en flèche.
C’est là qu’Ines, l’élégante extravagante, sort son tape-cassette. Elle l’accroche sur sa sissy bar. Du Gerry dans le tapis. Les chevaux du grand traîneau se mettent à ruer. Alexis est touché, mais nous, on commence à s’envoler. Loup Frondeur et Vison Réconfort sur le Ural envoient un doigt d’honneur à celui qui a freiné not’ course. Max profite de notre envolée pour nous amener au sommet de la montagne. Au pied de la croix, on est tous là à prendre des grandes bouffées d’air frais et à regarder notre belle urbanité.
C’est enfin l’heure d’une grosse frette et on s’arrête, les joues rouges et le cœur content. Ça lève le coude en masse. Dans le bar, y a une rumeur qui court. Certains prétendent l’avoir vu su’l’top de la montagne. Qui ça? Le Sasquatch. Mais à ce moment-là on avait tellement les yeux secs à force d’avoir soif, que ceux qui pensent l’avoir vu peuvent pas jurer-cracher. Faudra retourner l’année prochaine pour vérifier.
Merci à Goulet Moto Sport pour le Ural.
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