Texte:
Charles-Édouard Carrier
Photographies:
Charles-Etienne Pascal

 

Roadtrip: the end. Les deux pieds qui escaladent les marches de la maison, le sac à dos rempli de linge sale, des saletés d’un autre pays. On a la tête pas tout à fait arrivée, coincée quelque part entre la bière de la veille qui venait clore l’aventure et le dernier café de station d’essence acheté en partant de Windsor très tôt ce matin. Demain, ce sera une journée comme les autres, comme avant, avant l’aventure, avant la route.

Le moment que l’on craint le plus dans un roadtrip, c’est celui où l’on revient sur nos pas. Même si on fait tout notre possible pour inventer une boucle, connecter des routes secondaires avec des autoroutes et des chemins de terre pour ne pas avoir à passer deux fois au même endroit, il y a cet instant presque impossible à éviter où l’on est forcé de rouler à sens inverse sur cette route qui nous a poussés hors de notre zone de confort il y a quelques semaines, quelques mois.

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Tout est pareil, mais plus rien n’est pareil. Au départ, vers l’ouest, nous avions un tas de questions, des attentes, des rêves et une carte blanche que l’on tenait fermement dans le creux de la main. Maintenant en direction est, on est forcé de faire le bilan. La musique n’est plus la même, le mélancolique Low Roar a remplacé le dansant Tame Impala, l’ambiance dans la van a perdu de son lustre, faire un sandwich est devenu une corvée plus qu’un party, tout est au ralenti, c’est plus introspectif, plus profond, plus calme. Déroulent en boucles des images d’hier et d’avant-hier. Chacun doit être en train de composer son Best of pendant que la route nous avale.

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Pour ONELAND, c’était une première aventure sur la route. Notre bureau aura été tantôt une van, tantôt une tente VIP de pizza et bière, une chambre de motel miteux, un café bondé ou un coin de table. Transformés, nous rentrons de ce roadtrip avec des pages et des pages d’histoires, de nouveaux liens soudés et des projets de recommencer. La clé dans la porte, le sac déposé sur le sol, une profonde inspiration puis deux grandes questions : « Qu’est-ce que je mange? » et « Quand est-ce que je repars? ».

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Fury, la moto de Clockwork est de retour à l’atelier après avoir fait tourné les tête au One et au Mama Tried. Elle était notre raison de prendre la route. C’était Fury Road, un voyage de près de 11 000 km de Montréal à Portland, puis Milwaukee, puis Montreal.

Faut fermer le livre avant d’en prendre un autre. On repartira très bientôt.

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