Un des défis sur la route : se trouver une place pour dormir. Sauf une ou deux nuits à faire du porte-à-porte, le plus souvent du temps, la réservation se fait en ligne. Demander à Booking.com de classer les résultats par ordre de prix – au + et s’en tenir au premier en liste, pendant près de 20 jours, ça signifie dormir dans des motels où à l’entrée, on indique : « Please no firearms inside this building ». T’amènes pas ta blonde ici pour la Saint-Valentin.

Toujours Vacancy, ça veut parfois dire des trous de balle dans le mur, alors qu’on essaie de se convaincre que c’est sûrement autre chose. C’est beaucoup de va-et-vient dans la chambre d’à côté ou encore, des voitures qui traversent le stationnement du motel, phares éteints, très lentement… Nous, tout ce qu’on demande, c’est d’avoir du WiFi et Discovery Channel pour écouter des marathons d’émissions des Diesel Brothers ou celles sur la vie de chasseurs qui capturent des serpents pour leur venin. Grâce à la télé, on se couche moins niaiseux tous les soirs.

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Cette quête du prix le plus bas nous amène aussi au Baymont Inn, quartier Hollywood à Portland. On promet une localisation exceptionnelle sur Broadway près des cafés et facile d’accès via l’autoroute. Puis on parle aussi du petit déjeuner chaud. Le prix est bon. Mais sur place, c’est un chantier, le lobby n’existe plus, les fenêtres sont barricadées, quelque chose entre explosion ou rénovations qui stagnent. L’autoroute traverse littéralement le stationnement, la piscine est remplie de gravier, des junkies magasinent un hit entre la 210 et la 105, y’a une voiture aux 4 pneus crevés dans le stationnement et on nous pointe la machine distributrice lorsque l’on s’informe du déjeuner inclut. On est loin des Hollywood californien et Broadway new-yorkais glamour et sexy que l’on avait en tête. C’est la seule fois où l’on a dit : « Je passe ».

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En voyage à moins de 60$ CA la nuit, dans le cœur d’une Amérique peu visitée, mais accueillante et toujours souriante, on n’a jamais croisé une seule femme de ménage, on a vidé nous-mêmes nos poubelles, on s’est essuyé avec la serviette mouillée de l’autre ou pire encore, avec le tapis de bain. On a eu froid ou trop chaud, on a respiré la poussière et la cigarette, on a marché sur des miettes de chips qui n’étaient pas les nôtres et on a toujours eu de la difficulté à ouvrir nos portes de chambre. Demander à la réception de nous reprogrammer la 103 du Motel 6 d’Omaha sur une carte du Super 8 de Laramie et tout le monde devient confus.

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Dans ce joyeux bordel où chaque nouveau corridor nous transportait dans une autre scène de Shining, de ces nuits où tout était à recommencer, il n’y a eu que deux constantes : qui dort avec qui et le café infect du lobby préparé par un préposé fatigué de son quart de nuit. Malgré deux tasses de bonne volonté, du grain sans nom infusé dans une machine d’aréna au silex tâché, ça goûtera toujours un peu la déception. Si certains vivent mal avec ce déracinement quotidien, cette vie nomade nous va très bien. On apprécie chaque check-in que l’on voit comme une opportunité de vivre quelque chose d’inattendu, toujours un peu drôle et jamais banale.

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